Raoul Hébréard est un artiste multimédia. Il utilise depuis toujours la pluridisciplinarité pour créer des aventures artistiques nomades sur chacun des supports qu'il explore.
L’écriture est une partie importante de sa création. Elle prend place à l’intérieur des multiples séries qu’il réalise. Proche aussi des écrits de Gilles Deleuze, il laisse à la philosophie la notion de concept pour prendre en compte l'idée de percept qui lui semble plus juste pour traduire la pensée des Arts Plastiques.
Il pose un regard critique sur le monde et décrit souvent une relation dérisoire et absurde du quotidien. Chez lui la mémoire personnelle (découverte d'une identité hébraïque) se lie à la mémoire collective, celle de toutes les guerres où destructions et violences règnent, celle de notre société, du social, du politique etc.... Il les replace dans le champ de notre présent réduisant l’acte narratif par l’absence de titre et datation de son travail.
Robert Franck
Robert Franck
***
L’identité et la mémoire questionnant le présent sont des paramètres qui interviennent pour une grande partie dans la composante du travail artistique de R. Hébréard.
Ce sont les passerelles entre ces deux axes, combinés aux relations entre l'individu et le corps social, l'histoire et l'actualité, différents percepts et leurs misent en œuvre, la politique et la guerre, le sérieux et le dérisoire qui forment une cosmogonie à l'intérieur de laquelle les différentes séries viennent occuper ces multiples territoires.
La mise à distance, en perspective de ces diverses associations offrent une multitude de connexions, de combinaisons qui se traduisent par une utilisation pluridisciplinaire non hiérarchisée entre les différents médiums que sont la photographie, la sculpture, la peinture, vidéos, etc...). Cette pluridisciplinarité permet de développer un nomadisme permanent entre le fond et le forme.
Ces séries, parfois importantes s’ordonnent de manière totalement libre et autonome. Elles instaurent, par leur mise en dialogue, une démarche qui refuse la lecture linéaire du travail. Chaque détail est générique de la série qui est elle-même générique de la globalité de la pratique. Cette utilisation de l’espace fractal fait que tous les éléments sont en mesure de se répondre les uns les autres, comme les instrumentistes d’un même orchestre.
L’acte artistique est envisagé dans son immédiateté, se déployant dans un présent qui annule passé et futur. L’œuvre une fois réalisée tombe dans un oubli volontaire. Sa non datation devient pertinente, et libérée d’une chronicité liée à l’idée de parcours, chaque série existe dans une actualité permanente qui autorise à en varier les composantes et leur installation lors d'exposition.
Fabienne Clérin, Coordinatrice des expositions FRAC PACA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire